Oh Battambang ...

Me voilà au Cambodge à présent, et plus précisément dans le village de Wattamem - à quelques kilomètres de Battambang. J’ai tardé à écrire, prenant le temps de rencontrer celles et ceux qui m’entourent. 

Sur la piste de l’aéroport, je retrouve Dalin comme nous le faisons parfois. Nous parlons de nos pays, de ses différences. J’apprends beaucoup de ce qu’elle me dit, de nos désaccords, de certaines incompréhensions que nous avons. Elle est ma confidente maintenant, celle à qui je me sens le besoin de dire, de parler, d’exprimer mes doutes, mes sentiments. Elle est une des professeurs dans l’école où je suis. J’y enseigne l’anglais puis tente, avec les personnes présentes, de mettre en place quelques activités. Fellini disait que “chaque langue voit le monde d’une manière différente”. J’espère - qu’en apprenant l’anglais - ces enfants enrichiront le regard qu’ils portent sur le monde, sur leur vie. 


Avec des artistes de Phare, une école d’art à Battambang, nous nous sommes rencontrées cette semaine. C’est une première fois dans ce lieu. Je m’y sens bien - comme au Théâtre du Soleil. Il y a dans ce lieu quelque chose de familier. J’aime sa chaleur, sa générosité.  Les artistes se présentent. Je leur parle de mon projet : mettre en place des workshops, qu’ensemble nous fassions découvrir le théâtre. Ils l’entendent et le soutiennent ; c’est le début d’une nouvelle aventure. Beaucoup ne connaissent pas le théâtre mais ont l’envie d’apprendre. Une soif immense. C’est beau à voir, presque touchant. J’apprends beaucoup d’eux, de cette naïveté encore si présente et si fragile, de cette simplicité que nous avons parfois perdue. Il y a une facilité à être là, près d’eux. Pas de questions. De la curiosité. Des sourires. C’est tout. Et cette envie procure chez moi une joie immense. Je me sens bien près de ces enfants. Je me sens simple. Comme au plus près de moi-même. 


Puis, il y a Siem Reap, cette famille adoptée, et cette personne si précieuse : ma sœur. Elle tient un petit magasin dans un village peu connu. Elle est de ces personnes dont on entendra jamais le nom. Et pourtant, elle est d’une force que je n’ai jamais vu, d’un courage exemplaire. Ses journées commencent à 3h - à l’heure tout le monde dort. Elle prépare des desserts pour les enfants du village puis les vend tout le long de la journée. Elle a un fils : 8 ans. Elle l’élève seule avec un budget limité. Et elle se bat. Oui. Elle se bat tous les jours pour que ce fils de huit ans mange, pour qu’il apprenne aussi. Bref. Pour qu’il puisse avoir tout ce qu’elle n’a pas eu. Ma sœur ne parle peut-être pas un mot d’anglais, ni ne lit un mot de khmer, mais nos gestes et regards suffisent à se comprendre. 


C’est pourquoi, parler d’elle et de son courage, de sa générosité et de sa gentillesse, c’est aussi parler d’un pays, d’une culture. D’un pays où des femmes, quotidiennement, se battent pour vivre. 


Un mari loin. Un fils sans père. C’est la réalité de tant de femmes. Et ma sœur, elle, m’a appris ce que c’est qu’être mère, qu’être forte. Elle qui ne lâche jamais rien. 




Commentaires

  1. bon vent pour le reste de ton aventure .Profite bien de cette expérience.
    gros bisousssssssssss de nous deux

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  2. Coucou Ambre,
    Je suis revenue te lire, je constate que tu n'as pas abandonné le théâtre contrairement à ce que je croyais, et à ce que je vois la vie parisienne ne te manque pas, aussi je te souhaite un très beau séjour en attendant de te revoir fin août,
    Bacioni della tua nonna

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  3. Très intéressant, c'est une aventure que tu te souviendras toute ta vie et ton aide sera précieuse au village ! Bon courage !

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    1. Bonjour Elena,
      C'est vrai merci beaucoup de votre message, depuis le temps que j'entends parler de vous !
      Belle journée !

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