Dans l'intimité d'un soir de Mai


Ce soir, je ne dors pas, tentant de mettre des mots sur ce mois de mai. Voilà maintenant six mois que j'ai quitté la France. Le pays ne me manque pas. Parfois seulement, un vide se fait sentir. Ce n'est rien d'autre que l'absence de certains regards, l'espoir de certaines paroles, celles amicalement françaises. De ces paroles, que je n'aurais jamais pensé culturelles, je réalise qu'elles le sont. Que mes amis cambodgiens, eux, n'en seraient pas capables, ne pensant pas pareils, vivant différemment. Il y a alors une certaine solitude à ce vide, mais pour la première fois de mon existence, je me mets à l'aimer. Je comprends alors qu'elle est une opportunité, ouvrant la porte à tous les possibles. "Souffre de toi-même ou bien apprends ! Ecris ! Ouvre-toi ! Tu as tant à faire d'un monde ...".

Et je me mets à écrire. Et j'écris encore à ne plus m'arrêter. Et mes nuits deviennent des nuits de mots. Dans l'absence de mon père, dans l'absence de ma mère, dans l'absence de mon frère, dans celle de mes amis, j'écris. 

Dans le début du mois de mai, lors de mon périple à Bakong, je réalise qu'il y a un endroit au Cambodge où je ne suis pas seule, où je me sens comprise, sans faire l'effort d'un seul mot. Je comprends alors,depuis Battambang, que ce sont deux familles qui me manquent, deux maisons. Il y a dans ce voyage une renaissance involontaire : la perte de tout repères. 

Un soir, lors d'un appel vidéo, j'en parle à un ami. Je lui parle de ce sentiment d'être arrivée bébé ... et de grandir ... de mois en mois. Je lui parle de ce qu'est Bakong pour moi, de l'attachement que j'y porte. Je comprends alors qu'en quittant Bakong, c'est à ma solitude que je retourne. Mais cette solitude n'est pas de celles qui font mal. Alors, la nuit, dans ma chambre de Battambang, j'écris. Je t'écris toi Bakong, tout ce que j'y vois, tout ce que j'y vis. 

Commentaires

  1. Coucou Ambre,
    Entre la vie à Bakong village et la vie à Battambang, il y a une énorme différence , L'an dernier, si je ne me trompe, tu étais dans un village pour un temps relativement court et là tu te retrouves dans une grande ville et 8 mois c'est peut-être un peu trop long ... c'est ce que je ressens en te lisant,
    Fais attention à toi, n'oublie quand même pas que la nuit est faite pour dormir, récupérer de sa journée, Quelque part , c'est une bonne chose que ta mère et ton frère partent te rejoindre pour quelques temps, .... et après t'avoir lue ça me rassure !
    Notre conversation via Facebook, ne fut pas facile, j'avais quelques difficultès à t'entendre, j'espère que tu pourras réparer ce problème de vidéo,
    Dans trois mois, tu seras de retour, si je ne me trompe, c'est encore long, et tu te sens un peu seule, je suppose comme dans toute grande ville, tu ne dois pas retrouver cette chaleur que tu avais trouvé l'an dernier auprés des villageois de Bakong,
    Je t'embrasse très fort,
    La tua nonna

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