PROLOGUE J-15

Parce que le voyage est, aujourd’hui, une partie de moi, une manière de m’émerveiller devant le monde, de découvrir ce qu’est l’ailleurs, les gens de là-bas: les étrangers. 


Parce que la langue n’est plus la même, que les regards changent. Et même si les sentiments restent les mêmes, que l’amour reste l’amour, que la colère persiste et que la tristesse existe … Il semblerait pourtant que plus rien ne soit pareil. 


J’aurais pu attendre d’être là-bas pour parler voyage … pour parler Cambodge ... Mais non ! Cela m’est impossible. L’excitation est bien trop grande. C’est un instant plein d’émotions. Oui. Je quitte mon pays pour un tout autre monde. 


Je me souviens encore d’avoir étudié Rimbaud au lycée. Nous parlions de voyage avec notre professeure, de ce voyage qu’est la poésie. Et des débats que nous avions, je me souviens d’un mot … ou peut-être bien plus finalement : “Mais Madame … le voyage … ce n’est pas forcément partir à l’autre bout du monde ! … c’est peut-être simplement s’évader de soi … en écrivant … ou bien … en faisant du théâtre ! … je ne sais pas. C’est peut-être simplement ça, non ? Rimbaud, lui, quand il écrit, c’est par la poésie qu’il voyage. Qu’on soit à Paris ou à Hawaï, ça ne change rien. La douleur reste la même si elle est là.”. 


Et pourtant, malgré tout l’amour que j’ai pour l’écriture, pour le théâtre, je crois fermement que le voyage peut nous apprendre à vivre avec, à voir cette douleur autrement. Et puis, il y a tant de repères qui se perdent … comme un besoin constant de se trouver. Car d’un voyage, on se construit. 


En tout cas, les deux mois au Cambodge ne m’ont pas suffi. Oui. Deux mois, c’était le temps d’un attachement, le temps d’un amour, d’un rêve inachevé. Repartir aujourd’hui, c’est rêver un peu plus. Et puis, il y a ce besoin … celui de comprendre, de comprendre davantage notre monde, ne serait-ce qu’un fragment. 


Nâzim Hikmet parlait de citoyen du monde, et se définissait comme tel, mais rien de mieux pour cela que de partir à sa rencontre. Et c’est par le Cambodge que je commencerais. Avec, je l’avoue, une petite escale au Vietnam (le temps de quelques jours). Alors tous les premiers du mois, je reviendrais sur ce carnet et j’y écrirais mes doutes, mes découvertes, mes sentiments quant au voyage que je serais en train de vivre.


Commentaires

  1. Coucou Ambre,
    Un très bel article et beaucoup d'émotion dans ces lignes ! Quinze jours c'est presque demain, et j'espère que ce séjour se passera aussi bien que le précédent,
    Ti abbraccio affetuosamente,
    Tua nonna

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