"On laisse place à la vie"

La guerre s’est oubliée. Le Cambodge rajeunit. On laisse place à la vie. “Smey ! Tu ne peux pas être si lente. Ca ne se faisait pas quand j’avais ton âge : c’était la lenteur ou la mort …” “Mes parents me parlent rarement de la guerre - des horreurs qu’ils ont vues … Ils ne font qu’évoquer des règles - celles qu’il fallait respecter de leur temps. Moi je ne leur en parle pas. Jamais !” Au Cambodge, la jeunesse s’agrandit ; les massacres s’oubliant de plus en plus, malgré la présence d’un ancien Khmer Rouge à la tête du pays. Smey me parle de son pays - de son futur. Elle me parle de ses injustices - de la corruption. Elle me parle éducation - c’est pour elle l’issue de son pays. Elle ne vient pas d’une famille riche - mais d’une famille où le savoir a son importance. Son éducation s’est faite sur cette règle : apprend et tu deviendras quelqu’un ! Au Cambodge, je rencontre beaucoup d’étudiants - de droit, de médecine, de langues … Tous ayant une envie forte d’accéder à un savoir - celui que leurs parents et grands-parents n’ont pas eu. Se confrontent alors trois générations - avec des intelligences différentes - certaines manuelles d’autres intellectuelles. De tous ces étudiants - beaucoup viennent de famille pauvres, des agriculteurs, des fermiers. Un de mes amis me raconte qu’il ne veut pas être une honte pour sa famille - diplômé de ses études d’infirmier, le travail n’est pas là. Alors il tente de trouver d’autres emplois - avec l’espoir de pouvoir partir ailleurs. Son rêve : étudier à l’étranger. Je tente de l’aider dans ses recherches mais ce n’est pas simple. L’Asie ne semble pas avoir les mêmes facilités que l’Europe. Alors il faut se battre deux fois plus et encore parfois plus. L’écart se fait grand des parents aux enfants - la jeunesse n’est plus la même. La mondialisation a atteint le Cambodge. Certains ne savent pas lire le khmer mais ils peuvent lire le langage des téléphones - des ordinateurs. C’est un constat qui m’effraie - comme si nos réseaux - nos Facebook - devenaient un langage aussi fort que l’Anglais, que le Khmer, que le Français … C’est un pays plein de contrastes - comme chaque pays peut avoir les siens - mais de mon regard de Française - d’Européenne - il reste une crainte : celle d’une mondialisation trop importante. Ce pays semble être aujourd’hui la rencontre de deux univers : un savoir de plus en plus important chez les jeunes mêlés aux savoirs-faire des grands-parents et des parents. Que l’un ne perde pas l’autre.

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